La littérature, c’est un peu comme la musique. Il y a l’avant (l’attente, l’observation), l’acte (la lecture ou l’audition) et l’après (le silence, la contemplation).
En littérature, il consiste à regarder son livre, à le manipuler, le sentir, à frôler la couverture, toucher la couverture, la découvrir, l’observer, et commencer à s’imaginer les trésors qu’il renferme.
Cette étape très importante (à ne pas négliger) est indispensable pour relier le support (le concret) à l’histoire (l’imaginaire). Ainsi l’histoire que vous avez lu sera pour toujours associée à l’odeur, la texture et la beauté du livre que vous avez entre les mains.
De l’importance de l’apparence du livre
Il arrive souvent que nos espérances imaginatives de cette première approche du livre, soient déçues par un contenu bien inférieur à ce qu’on avait imaginé.
Hé oui, combien de fois un magnifique ouvrage, superbement relié, dont la couverture présente une magnifique illustration et la 4ème un résumé alléchant (voir des citations dithyrambiques), s’avère n’être au final qu’une bouse insipide et commerciale ?
Cela arrive très (trop) souvent. Il faut remercier en cela le fabuleux travail des marketeurs qui habillent des gros cacas en œuvres de choix par la magie des mots (NOUVEAU !), des visuels (A POIL !), et des têtes d’affiche (ACHETEZ car TOUT LE MONDE ACHETE).
Mais là où c’est plus rare, c’est quand un contenant minable cache une petite perle.
Attention, hein ! J’ai dit « petite ! », ce n’est pas le bouquin de la décennie non plus.
Mais je dois vous avouer ma surprise à la lecture du livre de Christopher Pike.
Il faut toujours tenir ses promesses
Je n’en avais pas envie, mais j’étais obligé de lire ce livre. J’en avais fait la promesse. Car des fois, je fais des promesses idiotes. Mais comment avais-je pu promettre ça. J’ai tellement de trucs plus intéressants à lire, des valeurs sûres. Pourquoi ça ?
Donc me voilà prenant dans mes mains cette « chose ».
Quelle immonde édition (Fleuve Noir devrait avoir honte d’oser sortir des bouquins comme ça). Pire que le pire des SAS. Pire que le pire des collection Arlequins.
Une blonde-pouf (non, elle ne pouffe pas, elle ressemble à une pouf), façon Bouffy en couverture. En arrière plan, des pseudos bas reliefs de mon c… Tout ça démontrant néanmoins une belle maîtrise de QuarkXpress (c’est pas facile de faire une belle couverture avec des photos de merde). Ajoutons un titre « La Vampire » en rouge vif en police de caractère pseudo médiévale et une 4ème de couverture qui nous replonge dans les tribulations d’une blondasse à Sunnydalle. Et nous obtenons une parfaite couverture moche et accrocheuse réalisée en 5 minutes… Tout ce qui donne envie de ne pas lire un bouquin.
Et Merde !
Je venais de me taper les chiantissimes aventures virgino-américaines d’Anita Blake (la pucelle nécromancienne-chasseuse de vampires-tueuse mais qui ne nique qu’après le mariage), et j’étais reparti pour m’avaler un autre roman pour goth de 14 ans.
Pfff.. Dire que je tiens toujours mes promesses…
Alors je lis…
Blablablabla… L’héroïne c’est Sita (Alisa Perne mais c’est pas son vrai nom)… Blablabla…
Je suis une vampire de 5000 ans (ben ouais, il faut bien rivaliser avec les vampires d’Anne Rice)….
Blbalbala… Je suis super forte, super sans scrupule, super allumée…
Pfff.. Ca commence toujours comme ça dans les romans vampiriques pour pucelles jusqu’au moment, où y’a un mec super beau (« j’te raconte pas, top canon ») qui arrive et là, hop, on trouve une excuse pour pas coucher avec lui avant le tome 8 de la série…
Je continue à lire…
Boum ! La vampire explose la cage thoracique d’un détective véreux… Ah
Oui, quand même, elle est vraiment sans scrupule la fille.
Et je continue à lire. Et l’héroïne (même si elle n’a rien d’héroïque, étant complètement autocentrée), l’héroine, donc est bien super forte, super sans scrupules, et super allumée.
Et, Et … Et elle couche quand elle en a envie !!!
Attention ! Révolution dans le roman pour teenage girls !
On est plus dans Buffy ou Anita Blake qui vont expliquer pendant 20 pages pourquoi il ne faut pas coucher même quand tu en as envie, non, là il s’agit bien là d’une fille de 5000 qui a de vraies désirs, de vraies pulsions et qui les vis profondément. Une vraie femme qui s’assume. On est bien loin des caricatures américaines classiques.
Ajoutons à cela des origines indiennes, de la mythologie védique (on y rencontre Krishna, Rama, Kali-yuga, Radha et le démon Yaksha) , des prédictions, des barbouzes, un bonhomme à lunettes qui a le SIDA et qui écrit des livres d’horreur et vous obtenez un truc que la couverture du livre n’aurait jamais pu prédire.
Bon, certes, c’est écrit avec les pieds (ou alors la traduction n’est pas fidèle à l’original, car je n’ai lu que la version française), mais c’est une chouette histoire assez imaginative, qui se lit vite avec beaucoup d’action et peu de temps morts.
On peut également reprocher à l’auteur, le fait qu’il n’y connaisse absolument rien en informatique (ni en arts martiaux d’ailleurs), alors que la vampire est censée être un génie dans ces domaines. Mais bon, c’est pas la première fois qu’on nous fait le coup.
Conclusion : ne croyez pas aux couvertures !
En conclusion, il ne faut jamais se fier aux couvertures des livres…. Je devrais le savoir. Les apparences sont bien trompeuses et ce livre me l’a prouvé.
La deuxième conclusion c’est que les éditions Fleuve Noir sont tombées bien bas (même le titre original est mieux : “The last vampire“)
Mais irais-je jusqu’à lire le tome 2 ?