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Vampire Junction (Timmy Valentine I)

Folio enrichit sa bibliothèque argentée de la fameuse trilogie vampirique de S.P. Somtow

S. P. Somtow à 14 ans, qui ne s’appelait pas encore S.P. Somtow
S. P. Somtow à 14 ans, qui ne s’appelait pas encore S.P. Somtow

Folio enrichit sa bibliothèque argentée de la fameuse trilogie vampirique de S.P. Somtow (parue en poche précédemment chez J’ai lu), Timmy Valentine. Essentiel vampirique moderne s’il en est, jugez plutôt : il est au sommaire de VAMPIRES. Dracula et les siens, l’antho vampirique OMNIBUS présentée par Jean Marigny et ses copains vampirophiles (et ça, lecteur au longues dents qui débute dans le domaine littéraire vampirique, c’est un excellent tuyau, ce volume est ta Bible) et c’est déjà un indice. C’était donc l’occasion pour moi de m’y plonger enfin, dans un coin où on ne me voyait pas trop, vu qu’il est honteux de ne l’avoir jamais lu après toutes ces années à adorer la Grande Canine…

Timmy Valentine est une trilogie dont Vampire Junction est le premier volet. C’est aussi le roman qui rendit S.P. Somtow célèbre. C’est un auteur né en Thaïlande, comme on peut le lire sur ses traits (j’aime bien voir le visage des écrivains, c’est comme les inconnus dont il ne faut pas accepter les bonbons : la plupart du temps, ils ne paient pas de mine).

Le chanteur du groupe allemand Tokio Hotel
Le chanteur du groupe allemand Tokio Hotel

Timmy Valentine, nom qu’il se donne dans la période où se passe l’action principale du roman, est un enfant vampire de 12 ans, idole pop rock pour adolescents. Et là, je ne vais pas être sympa, je vais vous dire à qui je n’ai pu m’empêcher de l’identifier physiquement tout le long de ma lecture (ça vous poursuivra, j’espère, ghahaha) :

Mais bref, passons à l’histoire : Valentine est un vampire qui a plus de 2000 ans, il naquit à la nuit alors qu’on venait de le castrer, lui qui avait une voix extraordinaire, enfin qu’il la garde pour l’éternité. Au moment où commence le récit, il décide d’entreprendre une psychanalyse à l’aide de Carla, à laquelle il confiera, dans cette perspective, des épisodes de son passé : déportation à Auswitzch, victime de Gilles de Rais, spectateur d’un rituel satanique… ouaaaah, comme c’est original, me direz-vous.

Mais ça l’est, réellement. Ca ne le serait pas s’il se contentait d’une confession ricienne, cependant, il ne s’agit pas du tout de cela. Timmy n’est pas qu’un romantique dépressif, et Carla n’est pas un journaliste à la recherche d’un original : c’est une adepte de la psychanalyse jungienne et Timmy se prend pour un archétype. Il est une sorte d’égrégore (inconscient collectif, pour la version Jung) du côté obsur de l’humanité, la matérialisation de ses peurs, de ses sombres fantasmes, bref, du côté de l’ombre et c’est parce qu’il est un reflet, qu’il ne pourrait pas avoir de reflet. Rien de nouveau sous la lune. Oui, c’est vrai, c’est ce qui est entre les lignes de toute la littérature vampirique; combien de fois a-t-on, même, tenté de psychanalyser Stoker à travers son Dracula ? N’a-t-on pas répété ad nauseam que le comte représentait l’inavouable dans la psyché des autres personnages ? Que c’est ce qui expliquait pourquoi, dans le miroir, c’est soi qu’on voit, et pas le vampire qui devrait se renir à côté ? Oui, et Somtow a décidé de sortir cet aspect d’entre les lignes et d’en faire explicitement l’intrigue ! D’autres ont donné une voix au vampire, mais alors le vampire devenait humain psychologiquement, et finalement, on revenait au point de départ. Vampire Junction fait parler un archétype et se construit autour de la quête menée par cet archétype. Cela donne un résultat peu banal pour une histoire de vampires.

timmy valentineAu final, on ne sait pas réellement si Timmy a vécu les évènements historiques qu’il raconte, car c’est leur symbolique qui compte, il a pu en vivre des centaines d’autres au signifié équivalent, parce que l’humanité les a vécus et qu’il lui est inhérent. A côté de ça, l’autre intrigue, celle qui produit l’action, met en mouvement, fait se produire ce qui doit se produire, se rencontrer ce qui doit se rencontrer (à Vampire Junction, évidemment), est essentielle mais presque dérisoire.

Pour prévoir la suite, les deux prochains volets, je suppose qu’il me faudrait réviser Jung, mais il me semble que le triangle enfin assemblé animus / anima / ombre, il nous reste le long chemin de l’individuation…

Quelques mots sur Jung : Jung, c’est le fils désobéissant de Freud, qui à partir de la découverte de l’inconscient par Freud, va développer tout autre chose. Voici quelques thématiques auxquelles il s’intéressa et machins conceptuels qu’il a inventé :

  • Il a inventé l’inconscient collectif, qui est intimement lié à sa notion d’archétype. Les archétypes seraient des sortes de structures prêtes à remplir que se trimballe l’humanité peu ou proue depuis son origine, et où elle met des trucs différents selon sa culture, ses représentations…
  • Il a mené des recherches sur la synchronicité, qui est, en très très gros, une tentative de découvrir le fonctionnement du hasard. C’est intéressant par rapport au roman, dans la mesure où les destins des personnages y sont tissés pour que des rencontres aient lieu à certains moments précis, dans des circonstances précises. Somtow utilise le mot “karma”. Mais ce n’est pas exactement la même chose.
  • On peut noter aussi que Jung s’est intéressé à une certaine culture orientale, par exemple aux mandalas, et à des contes indiens. Or, une part de l’intrigue a lieu en Inde, dans Vampire Junction. Et pendant que je suis dans les recoupements à 2 balles, j’ajoute cette hypothèse tordue : de même que les mandala, le roman fonctionne en cercle (retour, à la fin, à la situation originelle) avec des motifs répétitifs (la fôret, par exemple, ou le fait qu’il est sous-entendu que les évènements auraient pu être échangés avec d’autres).

Vampire de Ropraz

La première oeuvre vampirique remarquable de cette année est sans doute le dernier roman en date de cet ancien prix Goncourt : Jacques Chessex.

vampire roprazRemarquable par la presse, la radio, la télé, pour commencer. Oui, forcément, un Goncourt, un roman racontant d’horrribles faits dans une pornographie de détails gore, des descriptions inflexibles, légistes, des sévices subis par des corps de presque fillettes que la mort faucha trop tôt-pas au goût de tout le monde. On se demande jusqu’à quel point Chessex n’aurait pas quelques fantasmes inavouables. Les medias se le demandent. Mais les media sont des cons.

Heureusement, ce petit roman (à peine plus d’une centaine de pages), mérite d’être remarqué par d’autres que ces rigolos. Nous, inconditionnels du mythe du vampire, par exemple.

C’est donc avec un sentiment partagé que je tendis la somme due à mon libraire pour acquérir ce livre dont, d’une part, on m’avait trop rabattue les oreilles pour que je n’ai pas envie de le bouder un peu, mais à propos duquel j’éprouvais une curiosité quant au traitement du mythe du vampire : parlait-on réellement dans ce roman de vampirisme, ou cela était-il une façon de dire “monstre” pour un être que la bonne morale juge inhumain ? Car ce livre s’annonce d’emblée comme n’appartenant pas au genre fantastique…

Jacques chessexEn 1903 à Ropraz, dans le Haut Jorat vaudois, la fille du juge de paix, la virginale Rosa, meurt à vingt ans d’une méningite. Dans l’hiver qui souffle, un promeneur trouve le couvercle du cercueil soulevé, le cadavre violé, la main gauche coupée net, le sexe mastiqué, le coeur disparu. Profanation. Horreur. Stupéfaction villageoise, crainte du diable, soupçons de vampirisme, ail et crucifix accrochés aux maisons pourtant protestantes… En avril de la même année, deux autres profanations atroces sont exécutées de manière semblable : à Carrouge, des gamins jouent à la balle avec la tête scalpée de Nadine ; à Ferlens, c’est la blanche Justine qu’on profane. Monte la rumeur, comme une houle : il faut un coupable pour des crimes qui rappellent à chacun la ‘crasse primitive’, les vices cachés ; les étreintes contre nature. Favez, un garçon de ferme un peu idiot aux yeux rougis, à l’épaule saillante, aux longues canines, qu’on a surpris à l’étable abusant des génisses, sera le coupable idéal. Il sera jugé et condamné, puis on perd sa trace après 1915. Lire l’Incipit sur le site de l’éditeur.

Loin de vous proposer une analyse de ce roman sous quelque angle que ce soit, je vous soumets simplement quelques points, quelques pistes :

Le “vampire” est de fait un nécrophile, comme vous pouvez vous en rendre compte dans le résumé. Bon, me dis-je à la premier page, je ne trouverai pas l’ombre d’un vampire. Je me trompais, car c’est de l’ombre surtout, que l’on trouve, des correspondances avec le mythe, du subtil plutôt que du patant.

Par de multiples aspects, le livre renoue, plus précisément avec l’époque Dracula : la parole est retirée au “vampire” (quelques décennies après l’avènement du vampire parlant, ça fait du bien de ne plus l’entendre tergiverser à la Louis de la Pointe du Lac, non ?), ce sont les autres qui parlent de lui, ce sont les autres qui cherchent et se cherchent en lui. Qui cherchent, parce qu’ils ne comprennent pas comment une “telle horreur” (Mais qu’est-ce qui est horrible finalement ? Les cadavres ne souffrent pas, aux dernières nouvelles… ce qui est horrible est le manque de respect et donc de peur, devant la mort. L’affront de la mort est une caractéristique du vampire, mais aussi sa mise au jour, son spectacle, le vampire fait voir ce qui doit être caché : le cadavre. Le vampire fantastique en étant lui-même un cadavre, le héros de ce livre en les sortant de leur tombe. est possible. Les psy passent d’ailleurs à côté, le faisant élargir une première fois : ils ne le croient pas coupable, ils ne comprennent pas à quel moment le vampire est né, où se situe la genèse. Comme pour Dracula, le mystère est jeté sur sa naissance en tant que monstre, que vampire. Pourtant, ils connaissent son histoire, les violences sexuelles subies dans son enfance, la misère, le manque d’éducation. C’est pourquoi en lui les habitants du village, au fond, se cherchent, cristallisent en lui leur culpabilité, la conscience qu’ils ont, de vivre dans un hameau consanguin, incestueux, malsain, primaire, obscur, violent, frustré. En lui ils veulent punir cela. On retrouve aussi un peu la population porteuse de superstitions de Dracula. D’autant plus qu’en réalité, jamais il n’est prouvé qu’il est coupable du viol des tombes. Mais ses yeux sont rouges, ses dents aiguës et c’est également ce qui participe à sa condamnation.

On note aussi une mystérieurse “dame blanche” qui vient rendre visite au monstre (au montré, au phénomène), plus vampire que le vampire, venue assouvir sur lui de pervers fantasmes.

Présence d’un asile psychiatrique où les médecins sont assez expérimentateurs, allusion à Dracula encore ?

Et la fin du livre, que je ne saurai interpréter, sinon qu’elle montre à quel point le “vampire de Ropraz” fut soumis au destin général plutôt qu’au sien propre. Il est un témoignage des autres plutôt que de lui-même. En cela peut-être la fin a-t-elle un sens. Et aventureusement, je me dis qu’ici encore il rejoint Dracula, ce titre qui peut être lu comme une épitaphe. Mais là, je ne peux en dire plus sans vous parler du dénouement.

Finalement, à la question de savoir si ce livre parle d’un vampire, je dois dire non, pas à mon sens. Mais est-ce que ce roman utilise et enrichit le mythe vampirique : mais oui ! Et comment ! C’est, j’espère qu’on s’en rendra compte, un futur incontournable de la littérature vampirique, une nouvelle façon d’énoncer le mythe, de le rendre pertinent pour évoquer notre monde rongé par la lumière crue de la science, assoiffé de sensationnel, éclairé par les media qui rendent les actes de violence une anecdote de comtoir nationale, et se sentant coupable. L’engouement médiatique à la curiosité au goût douteux pour ce livre prouve peut-être la justesse de cette mise à jour du mythe.

Lestat le vampire7

Lestat Addict

“Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi !
+Jean Cocteau+


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A mon sens “Lestat le vampire” fait figure d’inoubliable perle au cœur de la jungle littéraire fantastique.

Comment, en effet, ne pas se laisser entraîner par la vie sulfureuse et tumultueuse de ce jeune immortel haut en couleurs… et en douleurs ?

On pourrait même se prendre à rêver à une hypothétique rencontre avec cette ombre tourmentée oscillant entre deux mondes, rien que pour panser les plaies de son cœur meurtri balançant entre le plan des mortels et celui des non morts prédateurs impénitents parfois bien malgré eux. Tous les vampiromanes épris de beauté, de voyages et de liberté ne peuvent que tomber sous le charme de ce Lestat anarchiste, assoiffé de renommée obsessionnelle, qui se lance à crocs éperdus dans l’exploration des sources vampiriques originelles. Un vampire galopin, libre penseur, attendrissant, farouchement opiniâtre, n’écoutant que ses propres lois, refusant ainsi de totalement mourir au monde et à ses êtres.

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Oui, on devient véritablement addict au périple acharné de cette créature orpheline emplie de volonté indomptable, toujours habitée par cette étincelle d’humanité instinctive. Cette petite flamme vivace n’attend qu’un signal de notre part pour s’affranchir à jamais de toute aliénation imposée, luttant contre toute forme d’oppression. Comme si au fond, cette lueur  nous soufflait “Soyez toujours vous-même, envers et contre tous ! Si vous vous sentez différents, montrez-le à la face de l’univers, hurlez-le sous les projecteurs, soyez-en fier car vous êtes beaux et forts d’être ce que vous êtes !”

Par conséquent, je pense que quelque part, tapi au creux de notre être, la “lueur d’un Lestat” sommeille. Oui, j’ai envie d’affirmer que ce cher Lestat représente l’arrogant porte-parole des causes marginalisées par la société. Il apparaît ici au paroxysme de sa gloire, traversant les siècles doté du panache d’un dieu intemporel et brillant !

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Anne Rice s’impose ici comme une maîtresse es vampire incontournable en livrant cette œuvre magistralement conçue.

Il a été, pour ma part, jubilatoire de suivre l’épopée de son héros qui émerge nettement du lot d’une pourtant séduisante galerie de personnages évoluant autour de lui. Avec ce livre, on voyage. Et Anne Rice nous procure vraiment l’étrange sensation “d’avoir connu” son Lestat. Etait-il un fantasme jaillissant de sa part d’ombre goulûment attirée par ce séduisant vampire ? Qu’importe, car Lestat semble exister, lui et toute sa clique, nous emportant dans sa tornade épique ! Anne Rice nous fait don de son âme avec une crédibilité troublante, pleine de vents décadents. Après une telle démonstration, essayez de vous convaincre que les vampires ne sont que des créatures purement surnaturelles…

« Je serai un symbole, un hors-la-loi, un monstre, un être qu’on adore et qu’on méprise. Je ne peux pas y renoncer. Et franchement je n’ai absolument pas peur ! » Lestat à Louis (Lestat le vampire).

Soie Sauvage

Tatouage, araignée, sexe, sang, mort, chair, peau, souffrance, matières, telles sont les principales thématiques de ce roman qui évite les lieux communs pour nous proposer une histoire originale et très intense. Avec en cadeau, deux excellentes nouvelles accompagnant le roman : Penthouse et Oeuvre de chair. Ce roman a également obtenu le prix de l’Armée des 12 singes (prix du jury, catégorie “premier roman”).

Tourmentes physiques et arachnides

Je ne suis pas du tout fan des romans introspectifs pour jeunes adolescentes. Aussi, je me suis bien méfié en lisant la 4ème de couv, en gros “une jeune fille qui se fait faire un tatoo et qui découvre la vie”.
C’est donc avec énormément de circonspection que j’ai attaqué ce roman. Je ne l’ai pas lâché jusqu’à la fin. Ou si, de temps à autres, je sortais la tête du livre pour respirer un grand coup, tant l’atmosphère est oppressante.

Ecriture synesthésique

Fabienne Leloup aime la peau (elle le confirme dans son interview). Elle aime ses sensations ultimes, plaisir ou douleur. Son écriture se base sur ces interrogations charnelles. Mais elle aime aussi les odeurs, les sons, les goûts et les scènes chocs. Aussi sa lecture s’apparentera à une plongée dans son univers, un univers bourré de stimuli sensoriels.
Ce style extéroceptif (avez que ça fait classe un mot comme ça) nous rappelle fortement celui de Poppy Z Brite, cru et intensément vrai.
Ici, nous ne sommes pas dans de la métaphore, nous sommes dans de la description réaliste.
Et ça marche. On se laisse entraîner doucement par ce style immersif jusqu’à ressentir (pour les plus empathiques d’entre nous) les souffrances et plaisirs de Barbara.

Tatouage vampire et passage à l’âge adulte

Le roman “soie sauvage” est un roman sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, le passage du monde des rêves à celui des réalités.
Barbara, prisonnière de rapports conflictuels avec sa mère, envieuse de la simplicité superficialité de sa soeur, perdue dans le monde réels, et effrayé par ses envies envers les hommes, va devenir une femme en se faisant tatouer une araignée dans le dos.

Ce qui pourrait être une publicité pour un mauvais tatoueur “faites vous tatouer et devenez une femme”, va devenir une malédiction.
Pourquoi devenir une femme si c’est pour renier ce que vous êtes ?
Oui, Barbara va devenir belle et va connaître quelques plaisirs suprêmes. Pourtant elle deviendra quelqu’un d’autre dans ce processus.

A quoi sert de devenir un adulte si c’est pour être quelqu’un d’autre. Si c’est pour se perdre en route et tout donner à la femme araignée ?
Voilà l’une des nombreuses questions que l’on va se poser lors de la lecture de ce roman

Les autres nouvelles sont elles aussi d’excellentes qualités et tournent autour des thématiques de la souffrance, de la mort et de l’amour, nous rappelant les thématiques du Livre de Sang de Clive Barker (sexe, mort, souffrance et plaisir).

Conclusion

Que se soit par sa forme ou par son fond, ce livre est assez exceptionnel et révèle une jeune auteur pleine de promesses.
Néanmoins, il ne s’agit pas d’un livre de fantasy pour enfants. Entre la lecture à plusieurs niveaux et le style empathique de ce livre, je le déconseille aux jeunes enfants. Surtout aux jeunes filles en fleurs. Les personnages masculins sont en effet assez mal peints dans ce roman. Soit faibles et dominés, soit Violeurs violents couverts de sueurs. Ces hommes ont une image négative de proies ou de prédateurs concurrents de l’araignée.
Ce serait dommage que les jeunes filles imaginent que les hommes sont tous comme ça. Non, y’en a des sympas (regardez, moi par exemple…;).
De plus, certaines descriptions de pratiques charnelles (pas uniquement sexuelles) risquent d’être assez traumatisantes pour ceux qui ne sont pas habitués.

Je déconseille donc ce livre aux plus jeunes, tout en le recommandant chaudement aux plus vieux, surtout ceux qui aiment Clive Barker et Z Brite, ils ne seront pas dépaysés.

Résumés

soie_sauvageSoie sauvage
Barbara, jeune fille effacée, renfermée sur elle même dans un climat familial étouffant est fascinée par les araignées, les trouvant à la fois répugnantes et admirables.
Un jour de grande chaleur, Barbara tombe amoureuse du tatouage (ou de l’homme qui le porte). Elle décide pour devenir enfin adulte de se faire tatouer une femme araignée sur le dos, qu’elle baptise “Arachné” en référence à la déesse grecque.

Seulement, sous le mélange des désirs refoulés de la jeune fille, de l’intensité de la haine inexprimée qu’elle ressent envers sa mère et sa soeur, ainsi que la magie ancestrale du tatouage, l’araignée devient vivante et indépendante.

Elle va pousser Barbara à devenir une femme-araignée, sans pitié, sans remords, belle, troublante, érotique et mortelle…

Penthouse
Abel est un des gardiens de la morgue. Comme les autres gardiens, il loue les morts à des nécrophiles qui veulent se faire plaisir. Seulement Abel n’est pas comme les autres, et cette fois, le mort non plus.

Œuvre de chair (avec Alain Dorémieux)
Moïra est une artiste. Pas une artiste qui a acheté son diplôme aux beaux arts, non, une vraie artiste qui se sacrifie pour aller au bout de sa démarche. Et là, elle présente l’apothéose de sa carrière. Une oeuvre de chair et de sang.

Salles obscures (Throat Sprockets)

arton69-d262eJe pensais avoir tout lu dans les romans modernes vampiriques (et je commençais franchement à me faire chier). Les thématiques étaient toujours les mêmes : la mort, le sang, l’homosexualité, le sexe, le cannibalisme, le gothique, l’immortalité, le vol d’énergie vital etc… En bref, j’avais l’impression qu’on me resservait toujours les mêmes thématiques. Faut dire que je sortais d’une relecture de l’intégrale d’Anne Rice et ça fatigue vite, on a un peu l’impression de relire les mêmes romans.
Bref, je me faisais chier… Et puis ce bouquin m’est tombé dessus par hasard dans les recoins obscures d’un bouquiniste poussiéreux.

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Les morsures de l’aube

benacquista morsures de l'aubeUn petit tour dans les rues de Paris la nuit. Ses bars, ses clubs, ses vampires…

Ce roman vous le commencez et il vous intrigue, vous continuez plus loin et il vous titille, vous lisez un peu plus et il vous happe jusqu’à la fin.

Une ambiance extraordinaire où l’on retrouve le Paris d’en bas et le Paris d’en haut. Si vous aimez cette ville, vous allez être gâté.

Alors n’hésitez pas à le lire à la lueur d’un réverbère, flânant sur les bords de seine, imaginant peut être Violaine derrière vous, prête à vous vampiriser toute la nuit…

Tonino Benacquista

Tonino Benacquista est né à Choisy le Roi le 1er septembre 1961. Il étudie au lycée Romain Rolland à Ivry où il fréquente un certain Maurice Dantec et Jean-bernard Pouy. Après avoir suivi des études cinématographiques à Censier, il abandonne l’université pour exercer de nombreux petits boulots… Ces métiers lui assurent une indépendance financière et lui permettent de se consacrer à l’écriture de son premier roman Epinglé comme une pin-up dans un placard de G.I qui sera publié au Fleuve Noir. Il écrit également à Hara Kiri. 4 ans plus tard La Madonne des sleepings. En 1991, c’est la consécration puisqu’il remporte avec La commedia des ratés le prix Mystère de la critique, le Grand prix de la littérature policière, ainsi que le trophée 813.

Touche à tout, Benacquista a également collaboré avec Jacques Ferrandez à la réalisation de plusieurs bandes dessinées dont L’Outremageur en 1998 (grand prix interfestival 1999). Le monde du cinéma ne tarde pas à s’intéresser à Benacquista. Nicole Garcia fait appel à ses talents sur Place Vendome, où il est consultant, et Antoine de Caunes adapte à l’écran son roman Les Morsures de l’aube.

Le Dossier Holmes Dracula

Avertissement : ne lisez pas cet article si vous êtes un fan de Saberhagen ou si vous voulez vraiment lire le bouquin.  Cyroul devient méchant et dévoile la fin de ce roman-poubelle.

Pilleur de romans

J’éprouve la plus grande admiration pour Conan Doyle qui a réussi à partir de quelques lignes à créer un personnage aussi réel que Sherlock Holmes.
J’éprouve la même admiration pour Bram Stocker qui a réussi, lui, à donner corps à un personnage improbable et fantastique, le célèbre Comte Dracula, et à le graver dans notre inconscient collectif.

Posez la question à un gamin et il vous expliquera qu’Holmes était un grand détective et qu’avec le Docteur Watson ils résolvaient les enquêtes dans leur appartement de Baker Street. Demandez lui qui est Vlad Dracul, et le mot vampire lui viendra forcément aux lèvres. Demandez lui qui est Georges Sand… Un silence gêné vous répondra sûrement (mais ça, c’est un autre problème).

Ainsi donc les écrivains de talent peuvent donner vie à des personnages imaginaires, pour les rendre réels (Bilbo Baggins, Elric le Melnibonéen, C’htulhu, Gaston Lagaffe et bien d’autres sont des exemples de cette matérialisation).

Mais il existe néanmoins une autre catégorie d’écrivain qui tel des vers solitaires vivent au dépend des premiers.

Il s’agit des pilleurs de romans.

pilleur de tombeCe sont des soit-disant romanciers qui, s’appuyant sur un personnage vont le faire évoluer indépendamment de la volonté de l’auteur original (parce que celui-ci est mort ou passé à d’autres choses).

Certains de ces écrivains sont talentueux et respectent les désirs (posthumes ou pas) de l’auteur. Ainsi Auguste Derleth a bien suivi Lovecraft et Tota a saisi l’idée d’Aquablue de Cailleteaux/Vatine.

Mais combien d’autres n’utilisent la reconnaissance d’un personnage de fiction que pour asseoir une notoriété sans talent ?

Fred Saberhagen est un pilleur de la pire catégorie. Non seulement il nous avait réécrit Dracula en transformant le comte vampire en poulet névrotique (dans un premier volume), mais là il récidive en réécrivant la vie et les origines de Sherlock Holmes.

Stocker et Doyle doivent s’en retourner dans leurs tombes.

On trouve dans ce bouquin le journal de Dracula, qui a l’instar de celui de Bridgett Jones, ressemble au diary d’une jeune vierge effarouchée (non, il ne faut pas tuer les gentils gens, non, il ne faut pas tuer les gentils rats, non, il faut toujours être honnête, non les méchants doivent tous mourir parce qu’ils sont vraiment méchants, bouh).

Ce journal de Dracula est entrecoupé de la prose du Dr Watson, un peu comme un des romans de Doyle finalement. Je dis un peu, car on est très loin des magnifiques et logiques histoires du grand détective.

Les dialogues sont creux, interminables et profondément inintéressant.

L’intrigue est écrite d’avance (le grand méchant de la fin est le Dr Seward -oui, le Seward de Dracula- qui vendrait père et mère et qui veut déclencher une épidémie de peste dans Londres. On ne saura jamais pourquoi, ne demandez pas.).

Et la tension scénaristique est nulle, Saberhagen utilisant les bonnes vieilles recettes des mauvais Harlequins :

  1. Mise en place des personnages en 20 pages
  2. Blabla pour tenir 150 pages où il ne se passe pas grand chose mais on découvre que derrière tout ça il y a un grand méchant.
  3. Dénouement en 2 pages où l’on apprend qui est le grand méchant, forcément le personnage le plus improbable (et c’est très réussi, on en comprend vraiment pas ce que Jack Steward vient foutre là dedans).

Le genre de bouquin écrit à la va-vite sur un coin de table. Des comme ça je peux vous en pondre des tonnes. Mais je ne suis pas un écrivain moi, c’est pour ça que je ne serais jamais édité, snif !

Le personnage de Dracula quant à lui ressemble comme deux gouttes d’eau à Gary Oldman dans le film de Coppola : romantique, guerrier, amoureux, intègre et possédant un sens de l’honneur exceptionnel.

Et Holmes ?

En faire un personnage fatigué, nerveux et tourmenté, pourquoi pas ! Doyle l’a fait lui aussi. Mais en faire le neveu de Dracula, là c’est pousser un peu loin non ? Et continuer sur la lancée pour expliquer que le papa de Holmes c’est Radu (le frère de Dracul) et que la maman de Holmes est devenue vampire et que lui et son frère Mycroft ont été obligé de la tuer. Et finir en disant que Holmes a un frère jumeau vampire qui parcourt le monde, ça c’est fort. C’est nul, mais c’est fort.

Et si en fait, on disait que Sherlock Holmes c’était le père de Superman ? hein ? On dira qu’il s’appelle Clarc Kent-Holmes mais qu’il s’est remarié ? Allez ? C’est crédible non ? Et ça reste dans l’esprit de l’oeuvre originale, non ? N’importe quoi…

Quand à Watson, n’en parlons pas. Le pauvre n’aura jamais été aussi ridicule…

Tel un pilleur de tombe au début du siècle en Egypte, Saberhagen nous massacre donc allègrement les mythes de nos deux héros, les transformant en caricature d’eux même pour les vendre à la masse avide et débile.

Pour vérifier si vraiment Saberhagen est nul (chers lecteurs, je me sacrifie pour vous, mon travail d’investigation n’a vraiment plus de limite), j’ai commencé un autre bouquin de lui (L’échafaud pour Dracula). J’ai calé avant la fin, mais j’ai eu le temps d’apprendre que Dracula est devenu pote avec Napoléon, et bien d’autres choses palpitantes encore…

Mes lacunes en histoire sont enfin comblées, merci Monsieur Saberhagen !

Résumé

dossier_holmes_draculaUn homme écrit dans un journal. Il parle de lui à la troisième personne, parce qu’il avait perdu la mémoire à ce moment là. Lorsqu’il écrit ces lignes il a retrouvé depuis longtemps ses facultés, mais il préfère dire parler à la 3eme personne, parce que ça met du suspens dans le livre…

Pff…

En gros Dracula perd la mémoire en étant capturé par une bande de méchant qui font des expériences sur des sujets pris au hasard pour leur injecter la peste. Pas de bol le Dracul.
Mais il a des ressources et s’enfuit avant de se rappeler qu’il est Dracula (“ah ah, mais oui bien sur je bois du sang, donc je suis un vampire, ah, ah, suis-je bête“).
Et le gars Dracula décide de se venger des gens qui l’ont emprisonné parce qu’il a du sang de Valach dans les veines et qu’il est très vexé.
Voilà. Fin de l’intrigue Dracula.
Pendant ce temps là, Sherlock Holmes décide d’aider une jeune fille qui a perdu son fiancé. Comme il a que ça à foutre, il trouve cela mystérieux et passionnant et se lance à la recherche du disparu. Mais au même moment, Lestrad lui apporte une étrange demande de rançon : la vie de tous les Londoniens contre des tas de sous, sinon ceux-ci mourront de la peste.

Les enquêtes de Dracula et de Sherlock Holmes vont elles se croiser ? Les méchants vont ils perdre à la fin ?
Holmes et Dracula vont ils avoir un énorme respect l’un pour l’autre (voir même un étonnant lien de parenté) ?

Ce bouquin est il définitivement nul ?

Lost Souls (Ames Perdues)

Brite, Poppy Z. - Lost SoulsC’est le premier livre de Poppy Z. Brite que j’ai lu. Ca n’a pas été le dernier. Acheté 10 balles dans une libraire d’occaz, ça a été plus qu’une révelation. Peut-être une transformation.

J’ai redécouvert une passion, une excitation que j’avais cru perdue. C’est vrai quoi. Les bouquins de vampires commençaient serieusement à se ressembler. Et puis qu’est ce qu’ils avaient tous à prendre Dracula comme héros ? Les droits d’exploitation tombés dans le domaine public ou quoi ? Et puis l’illumination avec Lost Souls. D’une petite goth encore presque inconnue en france (à cette époque).
Et cette perle de roman vampirique.

Non, vraiment, Lost Souls n’est pas un livre où on se perd, plutôt un livre où on se retrouve.

A lire absolument…

RÉSUMÉ

Nouvelle Orléans, Molochai, Twig et Zillah sont trois vampires…
Pas des Bela Lugosis, non, des vampires d’aujourd’hui, assoiffés, vicieux, beaux et impitoyables. Ils chassent principalement dans les lieux de débauche où trainent de jeunes goths, la recherche de musique d’alcool, de drogues et de sexe.

Nothing, jeune garçon fuyant de chez lui parcequ’il est seul, parcequ’il se sent seul et que les autres le trouvent différent.
Nothing découvre qu’il est le fils de ces vampires, qu’il est de la même race qu’eux… S’ensuit alors un délire de sang, de musique, de sexe et de passion.