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Les Chants de Maldoror

Isidore Ducasse, autoproclamé Comte de Lautréamont, est un poète maudit. Son œuvre majeure, Les Chants de Maldoror est passée inaperçue car trop anarchiste, trop immorale, trop antéchristique pour l’époque. Ce sera finalement André Breton et les surréalistes qui exalteront cette œuvre incomprise.

L’autre écrit de Lautréamont, ses Poésies, est une pathétique tentative de reconversion : face au scandale de ses Chants, qui a été étouffé en même temps que l’œuvre, Lautréamont se lance soudain dans la défense du Bien, de Dieu, et des valeurs les plus austères, allant même jusqu’à rejeter le romantisme.

Où est passé le poète décadent ? Fort heureusement, Monsieur Ducasse verra la mort l’année suivante.

Style

Parlons d’abord de la forme. Les Chants sont 6 parties composées de “strophes” écrites en prose.

En fait de poésie, Lautréamont mélange à la fois langage poétique et réflexions métaphysiques.

Du point de vue poétique, disons plutôt stylistique, quel génie ! Un style riche en images, plein de dérision (il s’amuse même parfois à se moquer de son propre style pompeux).

Du point de vue philosophique, les idées de Lautréamont, disons le tout de suite, sont dangereuses.

A quel degré y a-t-il adhéré, difficile à dire vu qu’il a tout renié deux ans plus tard : était-ce de la provocation irréfléchie ? Etait-il réellement ce dandy décadent ?

En tout cas, Lautréamont peint ici le mal dans tout ce qu’il y a de plus jouissif. On se délecte réellement des scènes de meurtres, viols, tortures, pédophilies…

Bref, vous l’aurez compris, c’est dangereux.

Si vous êtes quelqu’un d’instable, ne lisez pas ce livre ! Lautréamont y met à mal toute la morale, sans retenue. Il brise tous les tabous, affirme son homosexualité, ses pulsions de mort ou de sexe. Quelques années avant la psychanalyse, cet auteur laisse réellement exploser son inconscient, sans refoulement. Voilà pourquoi le livre fut occulté à sa sortie. Trop trash ! Dois-je en plus ajouter combien l’image de Dieu est bafouée, ridiculisée, réduite parfois à l’état d’animaux ?

Un défaut tout de même sur la forme : vous avez intérêt à vous accrocher, ce n’est pas facile à lire ! Son style est parfois soporifique, il s’en moque d’ailleurs ouvertement. Il est difficile de rentrer dans ce livre, surtout si vous y cherchez des vampires, car ce n’est pas le thème principal. En revanche nous avons ici affaire à de la vraie littérature !

Donc y a pas de vampires ?

Ce n’est pas ce que j’ai dit. Le vampire est un motif récurrent dans les Chants.

Maldoror est un être complexe, le définir comme vampire ce serait réducteur. C’est à la base un être humain. Seulement, un être humain qui ne refoule rien et accomplit avec plaisir meurtres et atteintes à la morale. Il ira jusqu’à combattre et vaincre Dieu, son pire ennemi après l’homme, sa race qu’il méprise. Un archange dit de Maldoror qu’il a sa place parmi les anges. De plus, Maldoror a le poétique pouvoir de métamorphose. Il se transforme en cygne à la fin, mais ce n’est pas la première fois qu’il change d’apparence. Alors, qui est cet être aux lèvres d’argent ? Hé bien Maldoror est peut-être plus qu’un être, un symbole de protestation, un instrument contre la morale et contre Dieu. Et ces motifs sont bien typiques du vampire, n’est-ce pas aussi son but ? Défier Dieu, semer le trouble chez les humains, mêler étroitement Eros et Thanatos ?

Si je ne vous ai pas convaincu…

Voici peut-être un passage qui montre Maldoror en plein viol d’enfant. Il s’y prend d’une manière qui vous sera familière !

On doit laisser pousser ses ongles pendant quinze jours. Oh! comme il est doux d’arracher brutalement de son lit un enfant qui n’a rien encore sur la lèvre supérieure, et, avec les yeux très-ouverts, de faire semblant de passer suavement la main sur son front, en inclinant en arrière ses beaux cheveux! Puis, tout à coup, au moment où il s’y attend le moins, d’enfoncer les ongles longs dans sa poitrine molle, de façon qu’il ne meure pas; car, s’il mourait, on n’aurait pas plus tard l’aspect de ses misères. Ensuite, on boit le sang en léchant les blessures; et, pendant ce temps, qui devrait durer autant que l’éternité dure, l’enfant pleure. Rien n’est si bon que son sang, extrait comme je viens de le dire, et tout chaud encore, si ce ne sont ses larmes, amères comme le sel. Homme, n’as-tu jamais goûté de ton sang, quand par hasard tu t’es coupé le doigt? Comme il est bon, n’est-ce pas; car, il n’a aucun goût. En outre, ne te souviens-tu pas d’avoir un jour, dans tes réflexions lugubres, porté la main, creusée au fond, sur ta figure maladive mouillée par ce qui tombait des yeux; laquelle main ensuite se dirigeait fatalement vers la bouche, qui puisait à longs traits, dans cette coupe, tremblante comme les dents de l’élève qui regarde obliquement celui qui est né pour l’oppresser, les larmes? Comme elles sont bonnes, n’est-ce pas; car, elles ont le goût du vinaigre. On dirait les larmes de celle qui aime le plus; mais, les larmes de l’enfant sont meilleures au palais. Lui, ne trahit pas, ne connaissant pas encore le mal: celle qui aime le plus trahit tôt ou tard… je le devine par analogie, quoique j’ignore ce que c’est que l’amitié, que l’amour (il est probable que je ne les accepterai jamais; du moins, de la part de la race humaine). Donc, puisque ton sang et tes larmes ne te dégoûtent pas, nourris-toi, nourris-toi avec confiance des larmes et du sang de l’adolescent. […] Adolescent, pardonne-moi. Une fois sortis de cette vie passagère, je veux que nous soyons entrelacés pendant l’éternité; ne former qu’un seul être, ma bouche collée à ta bouche. Même, de cette manière, ma punition ne sera pas complète. Alors, tu me déchireras, sans jamais t’arrêter, avec les dents et les ongles à la fois. Je parerai mon corps de guirlandes embaumées, pour cet holocauste expiatoire; et nous souffrirons tous les deux, moi, d’être déchiré, toi, de me déchirer… ma bouche collée à ta bouche.

Il y a donc du vampire en Maldoror. D’ailleurs, puisque Lautrémont est un poète, le vampire apparaît sous plusieurs métaphores assez intéressantes : le vampire est dépeint sous la forme d’un poulpe, d’une araignée…

Note : 7/10

Je vais mettre 7 parce qu’il est assez difficile de noter ce texte. Comment ne pas mettre plus à un texte aussi brillament écrit ? C’est une merveille. Cependant, le vampire n’y est qu’abordé, ce n’est qu’un motif de l’œuvre et non son thème, alors je dois me résoudre à cette note.

A noter, l’œuvre de Lautréamont est disponible en ligne sur Internet.

Les enfants de Dracula (Children of the night)

Ce livre, en dehors de ses aspects prenants et délectables (car il s’agit bien d’un livre d’horreur), dresse le constat d’une société (la nôtre) et des abominations qui s’y déroulent. Le première scène est du livre étant à ce niveau une scène clef et d’une intensité prenante :

Une business woman dynamique, belle et complètement adaptée à la société moderne se fait dévorer par une meute d’enfants aux dents acérées.

Cette femme vivant dans un quartier chic à deux rues d’un quartier où la misère, la pauvreté, la drogue et l’horreur de la vie sont monnaie courante.

Cette femme est mangée par des enfants, eux même créées par la société auquelle elle participe activement.

Non, se dit-elle, cela ne peut arriver. Je paie mes taxes, j’ai un bel avenir professionnel, un beau physique, pourquoi ça pourrait m’arriver ?

Ca t’arrive, car tu n’as jamais osé parcourir les deux rues qui te séparent de l’horreur de ta société.

Et au milieu de cette horreur, des enfants…

Non, ils ne sont pas au Sri Lanka. Ils sont derrière chez vous, en pleine ville. Ignorés pour les plus chanceux, Battus et violés pour les autres, vivants d’immondices et souvent de leur corps, ces enfants sont aussi les enfants de la société et donc les enfants de cette femme.

Car les enfants sont forts, ils s’adaptent. Et ce livre raconte l’adaptation de 5 enfants qui deviendront des loups vampires dévorant leurs proies la nuit et dormant le jour.

Ce roman (sous forme de conte immoral) est dur et impitoyable. Il est à lire à plusieurs niveaux. Le style utilise certains des éléments qui ont fait le succès de [Poppy Z Brite->59], telle la description des faits, crus et violents comme une plaie béante. On y retrouvera aussi en filigrane une critique forte de la société d’aujourd’hui.

Et pourtant il date de 1974…

Salem

Stephen King est devenu l’auteur américain le plus lu de ses vingt dernières années. Ses livres d’horreur, comme Carrie, Shining ou Misery ont été adaptés au cinéma avec plus ou moins de succès. Avec La Ligne Verte, il s’est affirmé dans un nouveau style : la littérature engagée et réaliste. Curieusement, King a rarement abordé le mythe du vampire, et les personnes qui le connaissent un peu ne lui attribue qu’un seul roman vampirique, Salem. Continue reading Salem

Où sont passé les vampires ?

Un voyage, physique, mais aussi temporel. Car les conditions de vie dans ce pays sont rudes. Autant prévenir tout de suite, les apprentis vampires romantiques, amateurs de vestes en velours, de jabot parfumés, de lunettes de soleil hors de prix et de téléphones portables derniers cris risquent d’être déçus.

Car les gens sont pauvres, dénués du superficiel, mais souvent aussi de l’essentiel.

Mais pauvres ne signifie pas malheureux. Et nous nous surprenons à sourire devant la charmante simplicité des habitants de ce village qui essaient de réussir le mieux possible leur vie, pour être certains de ne pas louper leur mort.

Car la mort est omniprésente. On la sent dans la paranoïa constante des habitants, dans leur peur de ces observateurs du “parti”, délateurs tout puissant. On la devine, dans cette boue, qui tache vos vêtements. On la voit enfin dans la destruction des lieux les plus saint, églises et cimetières destinés à être transformés en boulangerie.

La mort étant partout, il faut s’en faire une alliée. Alors on en parle, on la personnalise, on la croise, on essaye de l’apprivoiser.

Mais elle gagne toujours. Et là, espérez avoir eu une bonne vie, car sinon vous serez condamné à devenir un vampire. [Strigoï ou Moroï->5], vous sortirez la nuit de votre tombeau par une très fine ouverture et irez sur les routes manger l’âme de vos proches d’abord puis de vos voisins ensuite…

Terrible destin que celui du vampire. Un destin pire que la mort, que toutes les braves gens vont essayer d’éviter, alors que les méchantes personnes, avides et envieuses, vont forcément mériter.

L’avis du Cyroul

Le livre de Ioanna Andreesco nous propose une exploration du mythe du vampire, un retour aux sources de notre fascination pour cet être immortel.

Et où l’on perçoit la différence entre la vision moyenâgeuse du suceur de sang et notre vision romantique. Car aujourd’hui, les vrais vampires, finalement, ne sont que les êtres désincarnés qui ne pensent qu’au profit. Mort-vivants ne sachant vivre que pour l’argent et les avantages qu’il procure…

Les vampires de l’Alfama

alfamaIl est des histoires de vampires uniques et délicieuses. De celles qu’on lit et qu’on aimerait lire encore et encore, une fois l’ouvrage terminé. Ainsi, après ma première lecture d’Entretien avec un vampire, je voulais lire la suite (sans savoir qu’Anne Rice allait transformer ce superbe roman en saga-fleuve-cow-à-money).
A noter : d’autres livres, eux, ne donnent pas envie de lire la suite (Saberhagen aurait du arrêter après son Dracula, et surtout ne pas le faire rencontrer Sherlock Holmes…).

Le roman de Pierre Kast est de la première catégorie. Dés le début, on accroche aux personnages, on les sens, on les imagine sans avoir besoin des éclaircissements si chers à certains romanciers américains. On a envie de les voir vivre à travers les mots et que ça dure longtemps. Quelle tristesse quand on refermera la dernière page de ce livre.

Pierre Kast est un visionnaire. Son style est de la même veine (arf arf, je ne m’en lasse pas) que celui de [Poppy Z. Brite->59], mais 20 ans avant. Incisif, brutal, sans concession. On a l’impression de voir un film. Souvent, les mots remplacent même les phrases pour accentuer l’immersion du lecteur, et ça marche.

Mais ce livre est un livre résolument moderne, à ne pas mettre entre toutes les mains. De cette modernité que nous avons perdu à force de compromis et d’aplatissement des difficultés (on ne dit pas “vieux”, on dit “troisième âge”, on ne dit pas “jeune con”, on dit “adolescent à problème”, on ne dit pas “crétin inculte”, mais “Skyblogger”, etc.).

Car ce livre ne fais pas dans la demi-mesure et ne s’adresse pas à tous les publics.

Des héros aujourd’hui disparus

Ici, les héros seront sont ceux qui défendent le savoir, l’intelligence, la lucidité et par extension, les plaisirs du corps (tous les plaisirs, chouette). Ici ces héros seront des vampires, des voleurs, des alchimistes, des laissés pour comptes de la société, poursuivant la chimère de l’égalité, de la fraternité et de la liberté (ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?).

Leurs adversaires seront ceux qui défendent la religion, l’argent, la consommation et l’abêtissement de la population. Les papes, les princes, les riches, les puissants. Et au final, ce seront eux les gagnants. Mais que gagneront-ils au juste ? La mort, la douleur, mais par dessus tout, la solitude…

Ici, le sexe n’a aucun tabou

On est loin de Lestat et de ses vagues pensées sexuelles. Non, ici, ça fourre à tous les étages, dans un langage aussi imagé que du Gainsbourg, mais sans être cru ni vulgaire. Des textes savoureux laissé à la compréhension de chacun (ce qui va pas nous laisser beaucoup de monde dans notre époque de récession charnelle et de pudibonderie érotique).

Ici la culture est de rigueur

Car nous sommes au milieu du XVIIe siècle, en plein affrontement entre l’obscurantisme nécessaire à la gouvernance d’un pays (selon les rois, et chefs d’état qui ont suivi) et les lumières de l’intelligence qui éclairent tout et changent l’ordre des choses (merci les encyclopédistes, ils ne seraient jamais passé sur TF1, eux).

Dans la plus digne tradition d’Umberto Ecco, Pierre Kast multiplie les références dans tous les domaines, histoire, philosophie, architecture, musique. Simplement, sans forfanterie, il évite de tomber dans l’encyclopédisme, comme le font souvent les nouveaux auteurs (qui ouvrent un dictionnaire et recopient tous les termes techniques de la page pour en mettre plein la vue à leurs lecteurs béats). Non, ne riez pas, les auteurs actuels appellent ça de la “documentation”.

Alors si, tel un Humaniste vampirique, vous aimez le sexe, la sémiologie, les vampires, la culture, la science, l’alchimie, l’histoire, le Portugal, Lisbonne et encore le sexe, alors courrez lire ce chef d’oeuvre.

Je regrette juste de ne pas avoir eu le temps de rencontrer Pierre Kast. Je l’aurais harcelé pour avoir un autre tome d’histoires de vampire comme il savait si bien les raconter.

RESUME

Le Comte Kotor, un vampire humaniste, recherchant le bonheur, la liberté et un nouveau stade de conscience chez l’être humain, est chassé hors de Prague par une vague de chasse aux sorcières. Il trouve refuge chez une voyante-guérisseuse, Clara, au fin fond de l’Alfama, le quartier le plus secret situé en plein coeur de Lisbonne.

Là, il se retrouve mêlé aux intrigues politiques et lubriques du premier Ministre Joao et du sombre marquis chef de la police. Il subit l’extension grandissante du nombre de vampires et suit avec paternalisme les envies sexuelles et/ou amoureuses de ses proches.

Sang, sexe, douleur et sciences nous plongent dans le Lisbonne de ce siècle des transformations.

Mais qu’est ce qu’il est bien ce livre…

Biographie

Pierre Kast est né le 22 September 1920 à Paris pour mourir (hélas) le 20 October 1984.
C’est un réalisateur confirmé de beaucoup de chefs d’oeuvre du cinéma. Amis de Boris Vian et de Raymond Queneau, il fonda avec eux et Michel Pilotin, le Club des Savanturiers, le 26 décembre au bar de La Reliure, rue du Pré-aux-Clercs.
D’une culture universelle, il a réalisé plusieurs documentaires, sur l’architecture (Le Corbusier et Claude-Nicolas Ledoux) et sur le Portugual.

Ses Films

  • AMOUR DE POCHE (1957)
  • LE BEL AGE (1960)
  • VACANCES PORTUGAISES (1963)
  • LES SOLEILS DE L’ILE DE PAQUES (1971)
  • LE SOLEIL EN FACE (1978)
  • Salles obscures (Throat Sprockets)

    arton69-d262eJe pensais avoir tout lu dans les romans modernes vampiriques (et je commençais franchement à me faire chier). Les thématiques étaient toujours les mêmes : la mort, le sang, l’homosexualité, le sexe, le cannibalisme, le gothique, l’immortalité, le vol d’énergie vital etc… En bref, j’avais l’impression qu’on me resservait toujours les mêmes thématiques. Faut dire que je sortais d’une relecture de l’intégrale d’Anne Rice et ça fatigue vite, on a un peu l’impression de relire les mêmes romans.
    Bref, je me faisais chier… Et puis ce bouquin m’est tombé dessus par hasard dans les recoins obscures d’un bouquiniste poussiéreux.

    Continue reading Salles obscures (Throat Sprockets)

    Les morsures de l’aube

    benacquista morsures de l'aubeUn petit tour dans les rues de Paris la nuit. Ses bars, ses clubs, ses vampires…

    Ce roman vous le commencez et il vous intrigue, vous continuez plus loin et il vous titille, vous lisez un peu plus et il vous happe jusqu’à la fin.

    Une ambiance extraordinaire où l’on retrouve le Paris d’en bas et le Paris d’en haut. Si vous aimez cette ville, vous allez être gâté.

    Alors n’hésitez pas à le lire à la lueur d’un réverbère, flânant sur les bords de seine, imaginant peut être Violaine derrière vous, prête à vous vampiriser toute la nuit…

    Tonino Benacquista

    Tonino Benacquista est né à Choisy le Roi le 1er septembre 1961. Il étudie au lycée Romain Rolland à Ivry où il fréquente un certain Maurice Dantec et Jean-bernard Pouy. Après avoir suivi des études cinématographiques à Censier, il abandonne l’université pour exercer de nombreux petits boulots… Ces métiers lui assurent une indépendance financière et lui permettent de se consacrer à l’écriture de son premier roman Epinglé comme une pin-up dans un placard de G.I qui sera publié au Fleuve Noir. Il écrit également à Hara Kiri. 4 ans plus tard La Madonne des sleepings. En 1991, c’est la consécration puisqu’il remporte avec La commedia des ratés le prix Mystère de la critique, le Grand prix de la littérature policière, ainsi que le trophée 813.

    Touche à tout, Benacquista a également collaboré avec Jacques Ferrandez à la réalisation de plusieurs bandes dessinées dont L’Outremageur en 1998 (grand prix interfestival 1999). Le monde du cinéma ne tarde pas à s’intéresser à Benacquista. Nicole Garcia fait appel à ses talents sur Place Vendome, où il est consultant, et Antoine de Caunes adapte à l’écran son roman Les Morsures de l’aube.

    Le Dossier Holmes Dracula

    Avertissement : ne lisez pas cet article si vous êtes un fan de Saberhagen ou si vous voulez vraiment lire le bouquin.  Cyroul devient méchant et dévoile la fin de ce roman-poubelle.

    Pilleur de romans

    J’éprouve la plus grande admiration pour Conan Doyle qui a réussi à partir de quelques lignes à créer un personnage aussi réel que Sherlock Holmes.
    J’éprouve la même admiration pour Bram Stocker qui a réussi, lui, à donner corps à un personnage improbable et fantastique, le célèbre Comte Dracula, et à le graver dans notre inconscient collectif.

    Posez la question à un gamin et il vous expliquera qu’Holmes était un grand détective et qu’avec le Docteur Watson ils résolvaient les enquêtes dans leur appartement de Baker Street. Demandez lui qui est Vlad Dracul, et le mot vampire lui viendra forcément aux lèvres. Demandez lui qui est Georges Sand… Un silence gêné vous répondra sûrement (mais ça, c’est un autre problème).

    Ainsi donc les écrivains de talent peuvent donner vie à des personnages imaginaires, pour les rendre réels (Bilbo Baggins, Elric le Melnibonéen, C’htulhu, Gaston Lagaffe et bien d’autres sont des exemples de cette matérialisation).

    Mais il existe néanmoins une autre catégorie d’écrivain qui tel des vers solitaires vivent au dépend des premiers.

    Il s’agit des pilleurs de romans.

    pilleur de tombeCe sont des soit-disant romanciers qui, s’appuyant sur un personnage vont le faire évoluer indépendamment de la volonté de l’auteur original (parce que celui-ci est mort ou passé à d’autres choses).

    Certains de ces écrivains sont talentueux et respectent les désirs (posthumes ou pas) de l’auteur. Ainsi Auguste Derleth a bien suivi Lovecraft et Tota a saisi l’idée d’Aquablue de Cailleteaux/Vatine.

    Mais combien d’autres n’utilisent la reconnaissance d’un personnage de fiction que pour asseoir une notoriété sans talent ?

    Fred Saberhagen est un pilleur de la pire catégorie. Non seulement il nous avait réécrit Dracula en transformant le comte vampire en poulet névrotique (dans un premier volume), mais là il récidive en réécrivant la vie et les origines de Sherlock Holmes.

    Stocker et Doyle doivent s’en retourner dans leurs tombes.

    On trouve dans ce bouquin le journal de Dracula, qui a l’instar de celui de Bridgett Jones, ressemble au diary d’une jeune vierge effarouchée (non, il ne faut pas tuer les gentils gens, non, il ne faut pas tuer les gentils rats, non, il faut toujours être honnête, non les méchants doivent tous mourir parce qu’ils sont vraiment méchants, bouh).

    Ce journal de Dracula est entrecoupé de la prose du Dr Watson, un peu comme un des romans de Doyle finalement. Je dis un peu, car on est très loin des magnifiques et logiques histoires du grand détective.

    Les dialogues sont creux, interminables et profondément inintéressant.

    L’intrigue est écrite d’avance (le grand méchant de la fin est le Dr Seward -oui, le Seward de Dracula- qui vendrait père et mère et qui veut déclencher une épidémie de peste dans Londres. On ne saura jamais pourquoi, ne demandez pas.).

    Et la tension scénaristique est nulle, Saberhagen utilisant les bonnes vieilles recettes des mauvais Harlequins :

    1. Mise en place des personnages en 20 pages
    2. Blabla pour tenir 150 pages où il ne se passe pas grand chose mais on découvre que derrière tout ça il y a un grand méchant.
    3. Dénouement en 2 pages où l’on apprend qui est le grand méchant, forcément le personnage le plus improbable (et c’est très réussi, on en comprend vraiment pas ce que Jack Steward vient foutre là dedans).

    Le genre de bouquin écrit à la va-vite sur un coin de table. Des comme ça je peux vous en pondre des tonnes. Mais je ne suis pas un écrivain moi, c’est pour ça que je ne serais jamais édité, snif !

    Le personnage de Dracula quant à lui ressemble comme deux gouttes d’eau à Gary Oldman dans le film de Coppola : romantique, guerrier, amoureux, intègre et possédant un sens de l’honneur exceptionnel.

    Et Holmes ?

    En faire un personnage fatigué, nerveux et tourmenté, pourquoi pas ! Doyle l’a fait lui aussi. Mais en faire le neveu de Dracula, là c’est pousser un peu loin non ? Et continuer sur la lancée pour expliquer que le papa de Holmes c’est Radu (le frère de Dracul) et que la maman de Holmes est devenue vampire et que lui et son frère Mycroft ont été obligé de la tuer. Et finir en disant que Holmes a un frère jumeau vampire qui parcourt le monde, ça c’est fort. C’est nul, mais c’est fort.

    Et si en fait, on disait que Sherlock Holmes c’était le père de Superman ? hein ? On dira qu’il s’appelle Clarc Kent-Holmes mais qu’il s’est remarié ? Allez ? C’est crédible non ? Et ça reste dans l’esprit de l’oeuvre originale, non ? N’importe quoi…

    Quand à Watson, n’en parlons pas. Le pauvre n’aura jamais été aussi ridicule…

    Tel un pilleur de tombe au début du siècle en Egypte, Saberhagen nous massacre donc allègrement les mythes de nos deux héros, les transformant en caricature d’eux même pour les vendre à la masse avide et débile.

    Pour vérifier si vraiment Saberhagen est nul (chers lecteurs, je me sacrifie pour vous, mon travail d’investigation n’a vraiment plus de limite), j’ai commencé un autre bouquin de lui (L’échafaud pour Dracula). J’ai calé avant la fin, mais j’ai eu le temps d’apprendre que Dracula est devenu pote avec Napoléon, et bien d’autres choses palpitantes encore…

    Mes lacunes en histoire sont enfin comblées, merci Monsieur Saberhagen !

    Résumé

    dossier_holmes_draculaUn homme écrit dans un journal. Il parle de lui à la troisième personne, parce qu’il avait perdu la mémoire à ce moment là. Lorsqu’il écrit ces lignes il a retrouvé depuis longtemps ses facultés, mais il préfère dire parler à la 3eme personne, parce que ça met du suspens dans le livre…

    Pff…

    En gros Dracula perd la mémoire en étant capturé par une bande de méchant qui font des expériences sur des sujets pris au hasard pour leur injecter la peste. Pas de bol le Dracul.
    Mais il a des ressources et s’enfuit avant de se rappeler qu’il est Dracula (“ah ah, mais oui bien sur je bois du sang, donc je suis un vampire, ah, ah, suis-je bête“).
    Et le gars Dracula décide de se venger des gens qui l’ont emprisonné parce qu’il a du sang de Valach dans les veines et qu’il est très vexé.
    Voilà. Fin de l’intrigue Dracula.
    Pendant ce temps là, Sherlock Holmes décide d’aider une jeune fille qui a perdu son fiancé. Comme il a que ça à foutre, il trouve cela mystérieux et passionnant et se lance à la recherche du disparu. Mais au même moment, Lestrad lui apporte une étrange demande de rançon : la vie de tous les Londoniens contre des tas de sous, sinon ceux-ci mourront de la peste.

    Les enquêtes de Dracula et de Sherlock Holmes vont elles se croiser ? Les méchants vont ils perdre à la fin ?
    Holmes et Dracula vont ils avoir un énorme respect l’un pour l’autre (voir même un étonnant lien de parenté) ?

    Ce bouquin est il définitivement nul ?

    Lost Souls (Ames Perdues)

    Brite, Poppy Z. - Lost SoulsC’est le premier livre de Poppy Z. Brite que j’ai lu. Ca n’a pas été le dernier. Acheté 10 balles dans une libraire d’occaz, ça a été plus qu’une révelation. Peut-être une transformation.

    J’ai redécouvert une passion, une excitation que j’avais cru perdue. C’est vrai quoi. Les bouquins de vampires commençaient serieusement à se ressembler. Et puis qu’est ce qu’ils avaient tous à prendre Dracula comme héros ? Les droits d’exploitation tombés dans le domaine public ou quoi ? Et puis l’illumination avec Lost Souls. D’une petite goth encore presque inconnue en france (à cette époque).
    Et cette perle de roman vampirique.

    Non, vraiment, Lost Souls n’est pas un livre où on se perd, plutôt un livre où on se retrouve.

    A lire absolument…

    RÉSUMÉ

    Nouvelle Orléans, Molochai, Twig et Zillah sont trois vampires…
    Pas des Bela Lugosis, non, des vampires d’aujourd’hui, assoiffés, vicieux, beaux et impitoyables. Ils chassent principalement dans les lieux de débauche où trainent de jeunes goths, la recherche de musique d’alcool, de drogues et de sexe.

    Nothing, jeune garçon fuyant de chez lui parcequ’il est seul, parcequ’il se sent seul et que les autres le trouvent différent.
    Nothing découvre qu’il est le fils de ces vampires, qu’il est de la même race qu’eux… S’ensuit alors un délire de sang, de musique, de sexe et de passion.